13/04/2018

Rencontre du troisième type

Et voilà. 9 mois et deux jours se sont écoulés avant qu'on daigne nous sauver. Elle et moi.

Le 30/03/2018. 

C'était la date qu'on nous avait donné pour procéder à l'évacuation de la demoiselle in utero qui ne voulait pas descendre du tout et qui en plus, avait décidé de bouffer tout son liquide. Elle avait déjà tout compris à la vie. La bouffe et la flemme.

Déjà qu'elle m'avait gracieusement offert deux jours de RAB, fallait en plus qu'elle se fasse remarquer.

Rendez-vous à 07 heures à la clinique en toute détente  avec nos 12 valises. Avec même une certaine hâte. Suite à la pose loupée d'un cathéter dans le bras et d'un bleu, on m'en pose un second à la pliure du bras. Chose terrible pour moi. LA plus terrible que j'ai vécu de toute cette journée. Saches le.

Inutile de te dire que l'Amoureux et moi, on n'avait pas beaucoup dormi la veille. Du coup, à chaque monitoring, on se faisait une micro sieste. Parce qu'on était crevé et parce que surtout, les monitorings , c'est chiant. Surtout pendant 12 heures.

Vu que chez moi, le travail naturel n'a jamais commencé, on a voulu me le forcer un peu à l'aide d'un espèce de ruban hormonal. Je t'épargne l'endroit du placement du dit ruban. Seul truc à dire, c'est que c'est pas un ruban en satin mais plutôt en velcro. A laisser mijoter pendant 12 heures pour voir si j'ai des contractions un jour et voir si la demoiselle veut bien enfin se placer correctement.

Bien entendu, ça n'a pas marché. La demoiselle est têtue. Certainement un truc qu'elle tient du père. (mauvaise foi maternelle?)

Au bout de 12 heures d'ennui pour tout le monde, on me prépare enfin pour ce que j'espérais tant, la césarienne. Ma délivrance. Sans souffrance. Ni pour la demoiselle, ni pour moi.

La préparation signifie enfilage de jolis bas de contention ( que tu garderas encore pendant 6 semaines ils disent...) une blouse en papier très échancrée dans le dos, un joli chapeau style Amish et comme je suis prévoyante, j'ai échappé au rasage de près. Je sais qu'il n'y a plus de pudeur au bout de la Vingtième "visite de dilatation du col" mais quand même, un brin de dignité. Même avec une sonde urinaire...

En route pour les derniers instants de femme enceinte. L'Amoureux, entre stress et impatience, me fait le plus rassurant des bisous et me laisse partir toute seule en attendant derrière la porte les premiers instants de vie de la demoiselle.

Arrivée dans la salle d'opération on m'a piqué le dos, j'ai rien senti du tout. Pour l'anecdote, j'ai failli péter l'aiguille juste avec la force des ligaments de mon dos. Une force de la nature la meuf.
Je connaissais déjà l'anesthésiste et la sage-femme et j'ai eu de la chance, car c'est aussi ma gynéco qui m'a opéré. Âge moyen de la salle, 35 ans. Ça rigolait, c'était ambiance détente, presque comme un rencart potins entre potes au café du coin. Sans café et le cul à l'air.

Quand ils ont commencé, je n'ai évidemment rien senti mis à part une sensation de massage du ventre. Inutile de te préciser que j'ai adoré l'intervention de A à Z.

Ils se sont mis à trois sur mon ventre pour sortir la demoiselle de là et ça a même fini avec une ventouse. Je sais pas, elle devait être calée au niveau de la gorge, je ne voit que ça. Quand ils l'ont enfin eu au bout de seulement 4 minutes d'intervention, je l'ai entendu crier et là, j'avais l'impression de voler de légèreté.

Il était 21 heures et 43 minutes. 

Ils me l'ont montré quelques secondes, peut-être une minute, mais en césarienne , on nous attache en mode "Jésus sur sa croix de bois"et je n'ai pas pu la prendre.  Mais je t'avoue que ça ne m'a pas attristé. J'étais même plutôt fière de laisser le premier contact "à l'air libre" au Papa. Il est tellement investi depuis le début que je lui devais bien ça.

J'ai pleuré autant qu'elle en la voyant si jolie et enfin là pour de vrai.
On m'a recousu, on continuait à parler, l'anesthésiste est revenu juste pour me rassurer et me dire qu'ils avaient bien donné le bon bébé au bon papa (chacun ses angoisses OK?) et que ce dernier aussi avait pleuré.

Ils m'ont remonté avec ma nouvelle famille au bout d'une heure au lieu des deux réglementaires car c'était la nuit, je pouvais Re bouger mes jambes et que j'avais été "tellement cool qu'ils me devaient bien ça." Et j'ai enfin pu la prendre.
Toute jolie, toute propre, toute sage. Une merveille de 3 kg 333g. Notre Merveille.

Notre petite Charlie était enfin là.


Charlie. Le plus beau Bébé aux doigts fripés.



Une fois remontés en chambre 223 , une sage femme est venue me dire de me lever 8 heures seulement après mon éventration. J'ai eu l'impression d'avoir 190 ans et la douleur a été ultra violente. Mais une fois l'aller retour aux WC fait, figures toi que tu trouves que c'est pas si insurmontable. Et plus on se force à se lever et à marcher, plus vite on se remet.
Pour l'anecdote, la sage femme qui est venue me faire marcher la première fois était une fille qui était au collège avec moi. C'est là que je me suis dit qu' heureusement que je n'avais pas fait de crasse à cette fille à l'époque sinon , elle aurait pu se venger gratos.

D'ailleurs, j'ai pas fait semblant parce que quand on m'a dit que pour éviter les phlébites on allait me faire des piqûres tous les soirs pendant trois semaines dans le ventre, dans les cuisses ou dans le gras des hanches, je peux te dire que je me levais le plus possible! D'ailleurs ces piqûres là, je les souhaite à personne. Le produit ressemble à une injection de crème fraîche tellement c'est épais et il laisse un joli bleu violacé après chaque piqûre. Un régal.

Je t'épargne le porté de couches épaisseur maximale ainsi que les splendides culottes en filet pendant les semaines qui suivent l'accouchement.
Heureusement que l'Amoureux était là tout le séjour pour s'occuper de la demoiselle à la perfection et de moi aussi. Il se passe des choses tellement fortes/ stressantes/ sexy/ dégueulasses après un accouchement que t'as intérêt d'avoir un couple en béton et très ouvert avant de mettre un enfant en route. Je te préviens. Et avec la demoiselle on a de la chance, l'Amoureux est fantastique dans tous ses rôles.

Le retour à la maison s'est fait 5 jours après.
Mais ça, c'est une autre histoire....


Bref. On est arrivé à 2, nous voilà désormais à 3.



To Be Continued... et à vie en plus !


P.S:   Au fait, ne t'attends pas à perdre tout ton poids de grossesse à la sortie de la maternité. Sur 13 kg, j'en avais perdu que 5 le jour de notre sortie. L'arnaque du siècle.